Le jeu de la dame

Une série originale... Netflix !

Le Jeu de la dame (The Queen’s Gambit) est une mini-série américaine en sept parties d’environ 56 minutes chacune, créée par Scott Frank et Allan Scott, adaptée du roman éponyme de Walter Tevis publié en 1983, et mise en ligne le 23 octobre 2020 sur Netflix.

Cette fiction suit Elisabeth Harmon, une prodige des échecs orpheline, de huit à vingt-deux ans, dans sa quête pour devenir la meilleure joueuse d’échecs du monde, tout en luttant contre des problèmes émotionnels et une dépendance aux drogues et à l’alcool. L’histoire commence au milieu des années 1950 et se poursuit dans les années 1960. Dans le rôle principal, l’actrice Anya Taylor-Joy revêt une perruque rousse pour incarner la joueuse d’échec du roman de Walter Tevis.

Les échecs ou la construction d'un univers

Dans une très bonne critique de la série publiée par Le Monde, Pierre Sérisier écrit : « Les échecs ont cette particularité fascinante d’être un combat contre soi. Un examen perpétuel de ses connaissances, une manière de penser contre ses propres certitudes. Bien sûr, il y a toujours un adversaire qui se trouve, lui aussi, dans une position identique mais l’importance de ce dernier est toujours établie en regard du combat que l’on mène à sa propre limite. Les échecs sont l’un des rares jeux inventés par l’homme dans lequel le hasard n’occupe aucune place. » 

Pour aller plus loin, la série fait des références constantes aux échecs et les décrit comme un monde dans le monde. Dans l’univers de Beth, tout renvoie aux échecs, dans les tenues vestimentaires qu’arbore Beth, dans les alliances et les rivalités qui se nouent et se dénouent au fil des épisodes et des tournois, mais aussi dans la lutte interne que mène notre protagoniste principale contre elle-même dans le but de surmonter les traumatismes hérités de son enfance, son addiction mais aussi pour perfectionner sa maîtrise des combinaisons que les soixante-quatre cases de l’échiquier rendent possibles.

Une lutte collective contre le patriarcat

La construction du personnage de Beth est à l’opposé des récits de réussite individuelle dont le capitalisme raffole, ceux qui mettent en avant un « girl power » rendant l’émancipation possible à la seule condition d’écraser ses congénères. Cette idée est confirmée lorsque Benny explique à Beth les raisons des différences de niveaux entre les soviétiques et les américains : alors que les premiers s’entrainent et jouent seuls, les russes font équipe contre l’adversaire. De William Shaibel à Benny Watts, en passant par Jolene et Alma Wheatly, les capacités de Beth se développent grâce une lutte collective pour prendre d’assaut le ciel. Car dans un système qui cherche à transformer les femmes en objets de décoration, l’éducation aux défis intellectuels, l’exercice aigu de la logique, la formation aux stratégies de jeu et à la prise de décision pour vaincre l’adversaire, sont des enseignements plus que dangereux.

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