Un thriller... haletant !
Depuis ses premières images, en passant par sa présentation à la presse, jusqu’à son triomphe au box-office américain, Get out de Jordan Peele fait tourner les têtes, s’imposant rapidement comme un phénomène cinématographique. Blumhouse est passé maître dans l’art d’orchestrer le buzz autour de ses productions, mais prouve aujourd’hui que la firme est en passe de véritablement donner le la en matière de cinéma de genre outre-Atlantique.
Dans Get Out, nous suivons les mésaventures de Chris (Daniel Kaluuya), jeune photographe afro-américain en couple avec la très blanche et respectable Rose Armitage (Allison Williams), à l’occasion du week-end où il doit faire connaissance avec sa belle-famille. Malgré l’apparente bonhommie des parents de Rose, il remarque rapidement combien sa couleur de peau est au centre de l’attention dans la riche demeure, où travaillent plusieurs domestiques noirs, au comportement pour le moins étrange.
L'art de l'humour glaçant
Souvent présenté comme un film politique en prise avec les débats qui secouent la société américaine, Get Out se veut finalement plus un témoignage – frappant – des concepts de micro-agressions et d’un climat de tensions raciales délétère, que le grand brûlot engagé qu’on a pu décrire ici ou là. Non, la première réalisation de Jordan Peele vaut surtout pour ses immenses qualités de mise en scène et de montage. Jordan Peele est issu de la comédie et cela se sent, tant le tempo de l’angoisse qu’il déploie en est issu.
Toujours à mi-chemin entre le gag et le jump-scare, il emballe ainsi un film de genre extrêmement dynamique, qui distille le malaise en jouant constamment sur le ressenti du spectateur et son inconfort. En témoigne les sidérantes séquences de confrontation entre le héros et les domestiques de ses hôtes, où les niveaux de lecture, la gêne et les simili-gags se multiplient à un rythme effréné.
Mais Peele ne se contente pas d’user de son bagage humoristique pour doper sa narration, il nous offre également une véritable proposition de mise en scène. Flirtant avec l’ironie d’un Matheson, il convoque bien sûr la Quatrième Dimension, mais aussi un art de la composition et une finesse dans les mouvements de caméra qui évoquent intelligemment Hitchcock, voire De Palma. Qu’il s’agisse de son excellente première heure où il décrit un espace paranoïde, de ses scènes de cauchemars hypnotique Lynchéennes, ou du délire grand-guignolesque du troisième acte, le metteur en scène maîtrise le métrage de bout en bout et se fait l’architecte d’un véritable musée des horreurs, dont les sévices s’emboitent comme autant de poupées russes.
